Page:T. Corneille - Poèmes dramatiques, tome 1, 1748.djvu/234

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Et l'on peut m'ordonner d'épouser un tel homme !

GUZMAN.

Il n'a point son pareil d'ici jusques à Rome.

JACINTE.
à Isabelle.

Pour peu d'attention qu'on lui veuille prêter,
Ce Valet est d'humeur à nous en bien conter. [140]

ISABELLE.

Le joli compliment par où son feu débute !
Ah, Jacinte, s'il faut que l'accord s'exécute...

JACINTE.

Selon l'avare humeur de notre bon Vieillard,
S'il rompt avecque lui, ce sera grand hasard,
Ses ducats vous font tort, et s'il était moins riche... [145]

GUZMAN.

Pour en avoir beaucoup il n'en est pas moins chiche,
Et les garde si bien, qu'à parler comme il faut,
Je vous plaindrais beaucoup s'il ne mourrait bientôt.
Avec un tel Mari vous verrez par épreuve
Qu'il n'est point de douceur qu'en l'espoir d'être Veuve, [150]
Et vous ne devez point en confirmer le choix
S'il ne veut s'obliger de mourir dans six mois,
C'est un terme assez long pour faire pénitence.

JACINTE.

Avec grande franchise il dit ce qu'il en pense.

ISABELLE.

Il parle à coeur ouvert.

JACINTE.

Je vais le mettre en jeu. [155]
Mais encor, de ton Maître entretiens-nous un peu.
Quelle mine, quel port  ?

GUZMAN.

Sa mine est équivoque.
Quelquefois elle plaît, bien souvent elle choque,
Mais quant à la parole, il a grand agrément,
Et débite son fait fort nasillardement. [160]

JACINTE.

Cela va bien. L'humeur  ?

GUZMAN.