Page:T. Corneille - Poèmes dramatiques, tome 1, 1748.djvu/377

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Scène V

DOROTEE, ERASTE, LISETTE.

Eraste

Objet le plus charmant dont on puisse être épris.

Dorotée

Éraste, où venez-vous, et quelle est votre audace ?

Lisette, bas.

Voici bien du ménage, un autre a pris la place.

Eraste

Trouvant la porte ouverte, et vous oyant parler,
À cette aimable voix l’amour m’a fait voler.

Dorotée

Mon Père que j’attends la fait tenir ouverte.
Retirez-vous, de grâce, ou vous causez ma perte,
Il est ici tout proche, et reviendra soudain.

Eraste

Hélas !

Dorotée

Ah, remettez vos hélas à demain.

Eraste

Quoi, sans compassion…

Dorotée

Mais je l’ai de moi-même.
Songez-vous que je suis dans un péril extrême ?
Le temps presse, sortez ; qui vous peut arrêter ?
Vous êtes né, je crois, pour me persécuter.
Me regardez-vous toujours sans rien dire ?

Eraste

Qu’est-ce qu’on ne dit point lorsque le cœur soupire !

Dorotée

C’est un triste plaisir d’écouter des soupirs
Quand on en peut prévoir de si grands déplaisirs.