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Page:T. Corneille - Poèmes dramatiques, tome 1, 1748.djvu/391

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Oronte

Sans colère ; un jour ou deux peut-être
Me feront consentir à t’en laisser le Maître,
Je ne suis pas encor dépourvu tout à fait,
Dorotée est fidèle, et j’en suis satisfait.

Cliton

Mais Éraste caché fait assez voir qu’on l’aime ?

Oronte

J’ai su toute l’intrigue.

Cliton

Et de qui ?

Oronte

De lui-même,
Que retournant chez lui hier soir assez tard,
Il s’étoit à sa porte arrêté par hasard,
Que la trouvant ouverte, et la croyant entendre,
Seule avec sa Suivante il l’avoit pu surprendre,
Et qu’à peine il goûtoit un entretien si cher,
Que son Père frappant on l’avoit fait cacher.
Vois s’il m’en doit rester quelque scrupule en l’âme.

Cliton

Vous êtes né coiffé.

Oronte

Le bon est pour Florame.
S’il brûloit de savoir qui possède son cœur,
C’étoit pour Dorotée, et non pas pour sa Sœur,
Si bien que lui contant par quelle tyrannie
Lui donnant Dorotée on l’arrache à Lucie,
Je l’ai vu prêt soudain de répondre à ses vœux,
S’il rompoit un Hymen si contraire à ses feux.
Là Florame passant, bons Amis, et sans peine,
À l’amour qui les pique ils ont donné leur haine,
Et par ce doux accord leurs différents cessés,
Devant moi sans contrainte ils se sont embrassés.

Cliton

De sorte que Lucie à Florame est acquise ?

Oronte

Oui, son Frère y consent, et par mon entremise.