Page:T. Corneille - Poèmes dramatiques, tome 1, 1748.djvu/402

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Est-il légèreté comparable à la vôtre ?
Tout le sexe est changeant, hier l’un, aujourd’hui l’autre.

Lucie

Feignez pour mieux fourber de craindre ce malheur ;
Mais combien après tout en sont morts de douleur ?
À ces fâcheux revers combien n’ont pu survivre ?

Oronte

L’exemple est dangereux, je renonce à le suivre.

Lucie

Pour un si bel effort votre cœur est trop bas.

Oronte

L’entreprenne qui veut, je lui cède le pas.
Quand je mourrois pour vous d’angoisse et de martyre,
Et que deux ou trois jours on vous entendroit dire,
C’étoit un brave Amant, c’est pour moi qu’il est mort,
Hélas ! J’en ai regret : J’y gagnerois très fort.

Lucie

N’est-ce rien qu’acquérir une illustre mémoire ?

Oronte

Me préserve le Ciel d’une si triste gloire.

Lucie

Cependant, vous direz encor que vous m’aimez ?

Oronte

Consultez-en mon cœur, ce cœur que vous charmez.


Scène VI

ORONTE, ERASTE, LUCIE, LISETTE, CLITON, LISTOR.

Oronte s’en va par un côté, et incontinent après, Lucie s’en va par l’autre.

Eraste, à Listor.

Ils s’adorent, te dis-je, on me l’a fait connoître.

Lucie, abaissant sa coiffe.

Voici mon Frère, Ô Dieux !