Aller au contenu

Page:T. Corneille - Poèmes dramatiques, tome 1, 1748.djvu/414

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
Dorotée

Moi ?

Eraste

Je vous ai suivie après vos adieux faits,
J’en crois mes yeux.

Dorotée

Vos yeux…

Eraste

Ils ne mentent jamais.
Mais pour vous mieux convaincre, et vous couvrir de honte
Peut-être il suffira de vous nommer Oronte.

Dorotée

Oronte ?

Eraste

Oui, cet amant avec qui vous étiez,
Qui vous faisois sa cour, et que vous écoutiez.
Le nierez-vous encor ?

Dorotée, bas.

Je sers donc ma Rivale !
Ô Ciel ! Quelle surprise à la mienne est égale !

Eraste

De votre trahison ce silence est l’aveu.
Enfin j’ouvre les yeux pour éteindre mon feu,
J’adorois une ingrate, et le Ciel favorable,
Pour me désabuser, me l’a fait voir coupable.

Dorotée

C’est aller trop avant, mais par bonté, je crois
Que vous ne savez pas que vous parlez à moi,
Et veux bien excuser les chaleurs indiscrètes
Qui vous font oublier qui je suis, qui vous êtes,
Et qui de ce reproche armant votre courroux,
Ne vous permettent pas de bien penser à vous.

Eraste

Je n’y pense que trop, et si je vous accuse…

Dorotée

Quoi, vous continuez ! J’en suis pour vous confuse,