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ACTE II



Scène I


Eriphile, Cléone.

CLÉONE.

Si c’est là contre lui tout ce qui vous anime,
Madame, son malheur est plus grand que son crime,
Et vous jugez sans doute avec trop de rigueur
Du zèle qui pour vous fait agir son grand cœur.
Car enfin ce conseil dont votre esprit s’étonne,
Vous assuroit l’éclat d’une double couronne,
Et par le doux accord d’un hymen glorieux,
Remettoit pour jamais le calme dans ces lieux.

ERIPHILE.

Si pour moi cet hymen n’avoit eu rien de lâche,
Rien qui put sur ma gloire imprimer quelque tache,
Les princes qu’animoit un zèle au sien pareil,
Auraient de leurs avis appuyé son conseil.

CLÉONE.

Ils ont tous rejeté l’hymen de Timocrate,
Mais leur amour par là plus que leur zèle éclate,
Et cette passion qu’expliquent leurs respects,
Parlant contre un rival les rend un peu suspects.
C’est en quoi je croirois avecque moins de peine
Qu’il falloit préférer l’avis de Cléomène,
Puisque tout à l’État, sans intérêt pour lui…

ERIPHILE.

Ah, c’est là ce qui fait mon plus cruel ennui !
Pourquoi rappelles-tu dans ma triste mémoire,
Ce que, tout vrai qu’il est, je cherche à ne pas croire,