Scène II
Par ce trouble confus que vous faites paroître
Les sentiments du Roi sont assez à connoître.
En vain un beau destin s’efforce à m’élever,
Il voit l’amour du Prince, et ne peut l’approuver ?
Dis plutôt qu’à nos vœux si son pouvoir s’oppose
L’amour d’Anaxaris en est la seule cause,
Et que de sa faveur osant se prévaloir
Il traverse en secret un glorieux espoir.
Quoi, vous le soupçonnez d’une telle foiblesse,
Lui qui doit aspirer au choix de la Princesse,
Et dont l’ambition, qui s’en laisse flatter,
Contre l’ordre du Roi le force d’éclater ?
Non, non, de cet amour je ne vois rien à craindre,
Il a le cœur trop haut pour s’y laisser contraindre,
Et quoi que le Roi fasse, il croiroit se trahir
S’il me laissoit l’honneur de lui désobéir.
Pour ne se pas brouiller avecque Philoxène,
Il murmure, il se plaint d’un ordre qui le gêne ;
Mais son cœur qu’en secret consume un si grand feu,
N’attend pour s’expliquer qu’un favorable aveu,
Et s’il faut t’éclaircir le soupçon qui me presse,
Peut-être il perd espoir de toucher la Princesse,
Et tâche, par le cours d’une autre passion,
D’étouffer la chaleur de son ambition,
Car enfin soit par haine ou par antipathie,
Soit pour trop estimer le prince de Lydie,