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Page:T. Corneille - Poèmes dramatiques, tome 3, 1748.djvu/19

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Tais-toi. Qu’heureusement je te rencontre ici !
Enfin…

JACINTE.

Enfin…Heureusement je vous rencontre aussi.
À la poste où pour nous vous laissez votre adresse,
Je portois ce billet.

D. FERNAND.

Je portois ce billet.De qui ?

JACINTE.

Je portois ce billet.De qui ?De ma maîtresse.
Lisez-le, Dom Fernand.

GUZMAN, à Jacinte tandis que D. Fernand lit.

Lisez-le, Dom Fernand.Ma chere…

JACINTE.

Lisez-le, Dom Fernand.Ma chere…Assurément.

GUZMAN.

Si le cœur t’en disoit, je suis sans compliment.
Ces détours, ces douceurs, dont un galant s’enyvre,
Autant de bien perdu pour ceux qui savent vivre.
Sans tant verbaliser, l’amour veut de l’effet,
J’en ai toujours de prêt, si tu m’aimes, c’est fait.

JACINTE.

Tu serois pris au mot, si tu n’y prens bien garde.

GUZMAN.

Ma foi, dans ce marché c’est moi seul qui hazarde.
Tu vois clair en m’aimant, si nous en disputons,
Mais je suis obligé de t’aimer à tâtons ;
Avec ton nez bridé de ta coëffe importune,
Ta ténébrosité m’en pourroit bailler d’une ;
Et ton minois, des cœurs modestement filou,
S’il n’est quelque peu singe, est peut-être hibou.

JACINTE.

Il te les faut choisir.

D. FERNAND, après avoir lû.

Il te les faut choisir.Ta maîtresse m’oblige,
Et ne peut me donner d’avis que je néglige.
Mais ne puis-je savoir où tu me dois mener ?