En vain j’ai cru tenir toutes choses secrettes,
Ayant été dès hier par Guzman averti
Du long-temps qu’il vous sait de Séville parti ;
Et de notre amitié sachant l’étroite chaîne,
Il est venu chez moi me témoigner sa peine.
Vous n’avez point alors tâché de l’abuser ?
Après ce qu’il savoit, qu’avois-je à déguiser ?
Votre arrivée ici se pouvoit-elle taire ?
De mon secret sans doute il est fort en colere ?
Qu’aura-t-il cru de moi de ne l’avoir point vû ?
Que de votre combat c’est l’effet imprévû,
Et, qu’avant que le voir, vous jugiez nécessaire
D’attendre quelque temps le succès de l’affaire.
Quel malheur !
Puisque vous étiez libre, il vous verroit chez lui ;
C’est à vous d’y songer, ma parole est donnée.
Quel prétexte choisir pour rompre l’hyménée ?
L’amour me cause ici d’étranges embarras.
Je n’entreprendrai point d’en combattre l’appas ;
Mais voyez Léonor, elle est sage, elle est belle,
Et ce que vous aimez vaut peut-être moins qu’elle.
Ah ! Ne m’en parlez point, Léonor me déplaît.
Sans la voir, sur son nom vous en donnez l’arrêt ?
Je ne la puis souffrir.