Aller au contenu

Page:T. Corneille - Poèmes dramatiques, tome 3, 1748.djvu/31

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


ACTE II



Scène I.

D. DIÉGUE, ISABELLE, BÉATRIX.
D. DIÉGUE.

N’en soyez point surprise, ô charmante Isabelle,
D’un bruit sourd & confus j’en ai sû la nouvelle ;
Et comme rien pour moi ne peut être plus doux,
Je m’en suis crû devoir expliquer avec vous.
Excusez pour un fils ma tendresse de pere,
Je sai que Dom Félix s’étudie à vous plaire ;
Et j’aurai grande joie à le voir sous vos loix,
S’il a su mériter l’honneur de votre choix.
Vous connoissez mon bien, vous savez ma famille,
L’amitié semble étroite entre vous & ma fille ;
Et pour elle & pour moi je le tiendrois heureux
Que l’alliance encore en redoublât les nœuds.

ISABELLE.

Cet hymen proposé me fait voir tant d’estime,
Que l’espoir m’en paroît à peine légitime.
Je ne célerai point que ce peu de beauté
M’acquiert de Dom Félix quelque civilité,
Mais, Monsieur, un dessein d’une telle importance,
Avant qu’aller plus loin, vaut bien que l’on y pense ;
Et quoi qu’aucun n’ait droit de contraindre ma foi,
Je dois en consulter de plus sages que moi.
Je sai de leur conseil ce que je puis attendre ;
Et c’est de Léonor que je le voudrois prendre,
Si, comme elle est sa sœur, les intérêts du sang,
Auprès de l’amitié, n’étoient d’un autre rang.