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Page:T. Corneille - Poèmes dramatiques, tome 3, 1748.djvu/73

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BÉATRIX.

Au moins…Encor un coup, Monsieur, je ne prens rien,
Vous me connoissez mal.

GUZMAN.

Vous me connoissez mal.Ô la fille de bien !
Elle est incorruptible.

D. FERNAND.

Elle est incorruptible.Un présent t’épouvante !

BÉATRIX.

Pourquoi, s’il m’en revient plus de mille de rentes ?
Mais il faut, quels qu’ils soient, pour les voir sans mépris,
Que la galanterie en fasse tout le prix.
Je veux qu’avec tant d’art son adresse en ordonne,
Qu’on me soit obligé de tout ce qu’on me donne ;
Et qu’on fasse si bien, que le don accepté,
Je semble avoir encor moins reçû que prêté.
C’est assez que mon cœur connoît ce que j’en pense.

D. FERNAND.

Pour tes adorateurs c’est trop de récompense ;
Mais en ayant grand nombre, il est bien mal-aisé
Qu’ils touchent vivement un cœur si divisé.
De l’un par l’autre ainsi tu confons le service.

BÉATRIX.

L’Alphabet que j’en tiens à chacun rend justice ;
Et selon les degrés du mérite qu’il a,
Pour ne confondre rien, je lui fais un Nota.

D. FERNAND.

Le secret est galant pour ne s’y méprendre.

BÉATRIX.

Nous avons obligé ma maîtresse à descendre ;
La voici qui paroît.