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Page:T. Corneille - Poèmes dramatiques, tome 4, 1748.djvu/205

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Scène IV

Prusias, Araxe

Prusias

Qui jamais en aimant plus que moi fut à plaindre ?
Un Rival m’alarmoit, j’en trouve deux à craindre,
Et d’un fatal hymen les nœuds mal assortis
N’ont rien dont le péril puisse étonner mon Fils.
Les maux que je lui peins s’il obtient de qu’il aime,
Ne sont point… mais hélas ! m’étonnent-ils moi-même ?
J’ai beau jeter les yeux sur ce que j’en prévois ;
En les ouvrant pour lui je les ferme pour moi,
Et voulant l’arracher de l’abyme qu’il s’ouvre,
Je cherche à ne point voir ce que je lui découvre.
Quel conseil prendre, Araxe, en ces extrémités ?

Araxe

La raison le dira si vous l’en consultez.
L’amitié des Romains faisant votre assurance,
Il vous faut d’Annibal éviter l’alliance.
Seigneur, servez Attale, et secondez ses feux.

Prusias

Quoi, je pourrois souffrir qu’Attale fût heureux ?
Je sais que quelques soins que l’amour me suggère,
Mon fils, ainsi qu’Attale, aura plus de quoi plaire,
Tous deux jeunes, tous deux bouillants dans leurs desseins,
Et tous deux, s’il le faut, ennemis des Romains ;
Mais n’importe, essayons à bien connoître Élise,
Et sachant qui des deux son amour favorise,
Attaquons ce Rival, et cherchons du repos
À détruire…

Araxe

Seigneur, elle vient à propos.