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Page:T. Corneille - Poèmes dramatiques, tome 4, 1748.djvu/212

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Alcine

Redoutez-vous sa vue ?

Élise

Je sens que tout à coup mon âme s’est émue ;
Mais ce trouble inconnu pour moi jusqu’à ce jour,
Se donne à sa disgrâce, et non pas à l’amour.


Scène II

Nicomède, Élise, Alcine

Élise

Vous vous éloignez, Prince ?

Nicomède

On m’y force, Madame.
Mais dans ce déplaisir ce qui flatte mon âme,
C’est que Flaminius s’éloignant avec moi
N’aura plus contre vous d’empire sur le Roi.
Son départ en ces lieux assure votre asile.

Élise

Rome pour nous troubler trouvera tout facile,
Elle a d’autres Agents, dont le secret pouvoir
De votre éloignement saura se prévaloir.
Quoi qu’ils veuillent oser, nous serons sans défense.

Nicomède

Madame, attendez tout de mon impatience.
Par un retour si prompt, s’il vous faut mon secours…

Élise

Ah Prince, vous parti, vous l’êtes pour toujours.
Ne vous offensez point de ce triste présage,
Rome pour Annibal vous demande en otage,
Et vous n’en reviendrez qu’après que nos Tyrans
De sa ruine entière auront de leurs garants.

Nicomède

Quoi, le Roi souffrirait…