Redoutez-vous sa vue ?
Je sens que tout à coup mon âme s’est émue ;
Mais ce trouble inconnu pour moi jusqu’à ce jour,
Se donne à sa disgrâce, et non pas à l’amour.
Scène II
Vous vous éloignez, Prince ?
On m’y force, Madame.
Mais dans ce déplaisir ce qui flatte mon âme,
C’est que Flaminius s’éloignant avec moi
N’aura plus contre vous d’empire sur le Roi.
Son départ en ces lieux assure votre asile.
Rome pour nous troubler trouvera tout facile,
Elle a d’autres Agents, dont le secret pouvoir
De votre éloignement saura se prévaloir.
Quoi qu’ils veuillent oser, nous serons sans défense.
Madame, attendez tout de mon impatience.
Par un retour si prompt, s’il vous faut mon secours…
Ah Prince, vous parti, vous l’êtes pour toujours.
Ne vous offensez point de ce triste présage,
Rome pour Annibal vous demande en otage,
Et vous n’en reviendrez qu’après que nos Tyrans
De sa ruine entière auront de leurs garants.
Quoi, le Roi souffrirait…