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Page:T. Corneille - Poèmes dramatiques, tome 4, 1748.djvu/228

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C’est le seul intérêt où ma gloire m’engage.
Voir un Roi craindre Rome irrite mon courage,
Et l’époux me plaira, dont l’intrépidité
M’offrira les moyens d’en braver la fierté.

Attale

Ah, que plutôt sur moi le sort le plus funeste…

Élise

J’aperçois Annibal, vous lui direz le reste.


Scène II

Annibal, Attale

Attale

Seigneur, de quel espoir puis-je enfin me flatter ?
Mon cœur vous est offert, venez-vous l’accepter,
Et du grand Annibal ma flamme obtiendra-t-elle
Qu’une heureuse union soit le pris de mon zèle ?

Annibal

Il doit m’être bien doux de voir que mon malheur
À mes Amis pour moi laisse tant de chaleur.
D’un Prince tel que vous l’alliance m’honore ;
Mais de grâce, Seigneur, consultez-vous encore.
Le zèle qui paroît souvent le plus parfoit,
Lorsque Rome a parlé, demeure sans effet,
Et si j’avois promis, je verrois avec peine
Qu’à me tenir parole on sentît quelque gêne.
Voyez Flaminius ; sur ce qu’il vous dira
Peut-être en votre cœur l’amour s’alentira.
Le grand nom d’Allié que le Sénat vous donne…

Attale

Pour disposer de moi prends-je loi de personne ?
Seigneur, j’en crois ma flamme, et ne consulte plus.

Annibal

Vous vous expliquerez, voici Flaminius.