Page:T. Corneille - Poèmes dramatiques, tome 4, 1748.djvu/229

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Scène III

Flaminus, Annibal, Attale

FLAMINIUS à Attale.
Seigneur, par le pouvoir qu’on m’a daigné commettre,
Jusque dans vos États j’aurois dû vous remettre,
Mais je vous vois partir trop bien accompagné,
Pour ne m’en croire pas le voyage épargné,
Et sur ce que j’apprends, j’aurois mauvaise grâce
De vous offrir encor un secours qui vous lasse.
On vous a mis au Trône, et cela vous suffit.

Attale

Je ne sais pas, Seigneur, ce que l’on vous a dit,
Mais ce que je vous dois m’assure trop de gloire
Pour souffrir que jamais j’en perde la mémoire.
Vous trouverez en moi toujours un zèle égal,
Et si dans mes États je reçois Annibal,
Comme j’agis partout d’un cœur franc et sincère,
Ce n’est pas un secret que je cherche à vous faire.

Flaminius

Dans le sein de la guerre ayant toujours vécu,
Il vous apprendra l’art de n’être plus vaincu,
Et quelques Ennemis qui pensent vous abattre,
Pour triompher d’abord, vous n’aurez qu’à combattre.

Annibal

S’il n’apprend pas de moi l’art de vaincre aisément,
Il apprendra celui de fuir l’abaissement,
Et de rester toujours par un pouvoir suprême
Maître de son destin, malgré le Destin même.

Flaminius

De si grandes leçons ont de quoi faire bruit,
Le faste m’en plairoit, mais j’en craindrois le fruit,