Page:T. Corneille - Poèmes dramatiques, tome 4, 1748.djvu/230

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Et si je l’ose dire, Antiochus peut-être
Se seroit bien passé de vous avoir pour Maître.

Annibal

Pour peu qu’en mes leçons il se fût affermi,
Il vous eût mis en tête un fâcheux Ennemi ;
Mais son insuffisance à les mettre en usage
Vous a vendu sa gloire, et livré son courage.

Flaminius

Leur pratique est en vous ce qu’il faut admirer.
De Royaume en Royaume elle vous fait errer,
Et chercher dans l’exil tout ce que l’on peut croire
Que doive un grand courage au souci de sa gloire.

Annibal

Cet exil qui déjà m’a fait voir tant d’États,
Vous coûte quelques soins que vous ne dites pas,
Et pour tenir votre âme en tous lieux alarmée,
C’est beaucoup d’Annibal, et même sans armée.

Flaminius

On doit craindre en effet le bonheur qui le fuit.
À Attale.
Mais faites-moi raison, Seigneur, d’un autre bruit
On dit que vous songez à faire Élise Reine.
ANNIBAL à Attale.
Que ma présence n’ait, Seigneur, rien qui vous gêne.
Vous savez que…
ATTALE à Annibal.
Seigneur, donnez-moi votre aveu,
Et l’hymen dès demain couronnera mon feu.
ANNIBAL à Flaminius.
Vous voyez que malgré les malheurs qu’on m’oppose,
L’honneur d’être mon Gendre est encor quelque chose.

Flaminius

Attale a fait sans doute un choix bien glorieux,
Mais s’il m’en vouloit croire il y penseroit mieux.
À Attale.
Seigneur, souvenez-vous que si vous êtes Maître
Rome hait les ingrats, et le fera connoître.