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Page:T. Corneille - Poèmes dramatiques, tome 4, 1748.djvu/231

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Vous pouvez là-dessus écouter votre amour.
Prenez pour y songer le reste de ce jour,
Pour ne vous perdre pas ma bonté vous le donne.

Annibal

Pour moi, j’ignore l’art de contraindre personne,
Et sans m’inquiéter de ce qu’il résoudra
Je lui laisse à son choix tout le temps qu’il voudra.
Au moins suis-je assuré que par mon alliance
Il craindra peu l’affront de trahir sa naissance,
Et que jamais l’exil d’un homme tel que moi
N’aura rien dont l’éclat fasse rougir un Roi.

Flaminius

Vous avez le cœur haut, le bel orgueil y règne.

Annibal

Assez pour empêcher qu’aucun Roi ne vous craigne,
Et si de Prusias mes conseils sont suivis,
Rome attendra longtemps qu’il vous livre son Fils,
Le voir trop s’abaisser sous votre tyrannie
Est tout ce qui me peut chasser de Bithynie.


Scène IV

Annibal, Prussias, Flaminus, Attale, Araxe

ANNIBAL à Prusias.
Parlez, Seigneur, enfin qu’avez-vous résolu ?
Votre Rome aura-t-elle un pouvoir absolu ?
Obligez-vous le Prince à faire le voyage ?

Prusias

La paix qu’elle nous donne à ce devoir m’engage,
Mon fils d’un tel honneur a lieu d’être jaloux.

Annibal

Il me suffit.
À Attale.
Demain je pars avecque vous.