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Page:T. Corneille - Poèmes dramatiques, tome 4, 1748.djvu/232

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Seigneur, délibérez, vous avez ma réponse.


Scène V

Flaminius, Prusias, Attale, Araxe

Flaminius

C’est donc ainsi qu’Attale à ses Amis renonce ?

Attale

Je connois mal, Seigneur, par où j’ai mérité
Un reproche si dur à ma fidélité.
L’ardeur qui la soutient le rend peu légitime,
Je reçois Annibal, mais ce n’est pas un crime,
Ou vers Rome par là si je noircis ma foi,
Croirez-vous Prusias moins coupable que moi ?
D’Antiochus à peine il apprit la défaite,
Qu’à ce même Annibal il accorda retraite,
Le reçut tout fumant de ce fameux débris.
Cependant ce qu’il fit blessa-t-il les esprits ?
Vous parut-il suspect de pratiques secrètes ?

Prusias

Je ne condamne rien au projet que vous faites ;
Mais assez de couleurs pourroient le palier,
Sans chercher mon exemple à vous justifier.
Antiochus défait, Annibal pouvoit nuire,
Trouver quelque autre Roi qui s’en laissât séduire.
J’étois maître en ma Cour de son ressentiment.
Ainsi je le reçus, mais sans attachement,
Et l’on me voit pour Rome une foi trop sincère,
Pour douter des motifs de ce que j’osai faire.

Attale

Ce zèle si vanté dont vous êtes jaloux,
N’est pas moins fort en moi qu’il pourroit l’être en vous.