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Page:T. Corneille - Poèmes dramatiques, tome 4, 1748.djvu/261

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Ah, je vois ce que c’est, bien d’autres le connoissent,
Les Rois ne sont plus Rois où les Romains paraissent.
Tremblez, Princes, tremblez ; l’honneur du sang Royal
Se maintenoit encor à l’ombre d’Annibal.
Dépouillé qu’il étoit, il vous rendoit terribles,
Armés de son seul nom vous étiez invincibles,
Et sa vie employée à votre sûreté,
Vous mettoit à couvert de la captivité.
Le destin des Romains n’attendoit que sa perte
Pour voir la terre entière à l’esclavage offerte.
De votre liberté lui seul étoit l’appui,
Il la faisoit revivre, elle meurt avec lui.
Vains Fantômes d’honneur ! Impuissantes Idoles !
Esclaves en effet, soyez Rois en paroles.
En vain du plein pouvoir vous deviendrez jaloux,
S’il n’est plus d’Annibal, plus de Trônes pour vous.


Scène III

Flaminius, Élise, Prusias, Attale, Procule, Araxe

Élise

Et bien, Flaminius, ton Ambassade est faite ?
Un lâche t’a vendu ce que Rome souhaite.
Pour combler ton triomphe, et le voir sans égal,
Viens-tu joindre mon sang à celui d’Annibal ?

Flaminius

Modérez un transport dont j’aurois à me plaindre,
Pour le sang d’Annibal vous n’avez rien à craindre.
Entre les mains des miens à qui je l’ai remis,
Pourvu qu’il vienne à Rome, il n’a plus d’ennemis.
De sa haine outrageante il lui doit quelque compte.
Dans la paix de Carthage il trouva de la honte,