Page:T. Corneille - Poèmes dramatiques, tome 4, 1748.djvu/262

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S’en bannit pour nous nuire, et sur ce faux abus
Vint enfin contre nous armer Antiochus,
Il s’en justifiera. Pour vous, dont le seul crime
Est de croire un peu trop le sang qui vous anime,
Vous n’avez point de Rome à craindre le courroux,
Elle est juste, et vous offre un traitement plus doux.
Saisi de son pouvoir j’aime à vous faire grâce.
Recevez son appui sans orgueil, sans audace,
Et quelques biens par là qui vous soient accordés,
Voyez toujours la main de qui vous dépendez.

Élise

Et bien, mes défenseurs, me voici donc Esclave.
Sans rien faire pour moi vous souffrez qu’on me brave,
Et malgré vos serments de ne me point trahir,
Votre Maître a parlé, c’est à vous d’obéir ?
Où sont-ils ces serments d’oser tout pour me plaire,
Traîtres, qui me livrez aussi bien que mon Père,
Et quand il faut montrer qu’un de vous ne l’est pas,
Que devient votre cœur, que devient votre bras ?

Attale

C’est trop, c’est trop souffrir qu’un Perfide se cache.
Vous l’allez voir ce cœur qui vous a paru lâche,
Et juger qui de nous par son manque de foi
Méritoit les soupçons qui sont tombés sur moi.
À Flaminius.
À quel titre, à quel droit vos jalouses envies
Vous peuvent-elles rendre arbitres de nos vies,
Et qui vous fait ainsi, selon votre intérêt,
Disposer de nos jours quand et comme il vous plaît ?
Est-ce par l’amitié que le Sénat me garde
Que vous avez pris soin de corrompre ma Garde,
Et les plus noirs forfaits, à vous seuls réservés,
Deviennent-ils permis quand vous les approuvez ?
Quels droits sur ce beau sang que l’on vient de vous vendre,
Celui qui vous le vend avoit-il à prétendre ?