Page:T. Corneille - Poèmes dramatiques, tome 4, 1748.djvu/263

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Ce que jamais sans vous il n’eût sacrifié,
L’a-t-il pu par l’honneur d’être votre allié ?
Honneur injurieux ! Captieuse Alliance !
J’y renonce, et d’Élise entreprends la défense.
Point d’autres lois pour moi que son ressentiment.

Flaminius

Pour un Roi de deux jours c’est parler hautement.

Attale

La Majesté des Rois toujours brillante et pure
N’a ni vos volontés ni le temps pour mesure,
Et qui l’est un moment, doit contre ses souhaits
Prendre assez de fierté pour n’obéir jamais.

Flaminius

Je plains de cet orgueil l’aveuglement extrême.
Pour me connoître mieux connoissez-vous vous-même,
Et sur ce que pour vous le Trône a d’éclatant,
Retournez à Pergame, Eumène vous attend.

Attale

Eumène !

Flaminius

Oui, c’est par lui, que le Ciel y rappelle,
Que vous avez trouvé votre Garde infidèle.
Quand nous le croyions mort, la mer nous l’a rendu,
Et vous saurez de lui le respect qui m’est dû.

Attale

Faites, faites régner un Fantôme en ma place,
Je vous fais peur au Trône, il faut que l’on m’en chasse.
Je vous l’avois bien dit, et voilà de leurs coups,
Je suis trahi, Madame, et trahi plus que vous ;
Mais pour vous et pour moi je vais faire connoître,
Que je sais mieux punir que seconder un Traître.

Flaminius

Qu’on l’observe, et d’abord, s’il ose rien tenter,
Donnez ordre, Procule, à le faire arrêter.