Scène IV
Seigneur, c’est donc à vous que de ce grand ouvrage
Doit enfin sans débat demeurer l’avantage,
Et grâce à vos bontés, tout l’honneur vous est dû,
Et d’Élise trahie, et d’Annibal vendu ?
Quels que soient les malheurs qui vous font plaindre un Père,
Madame, je n’ai fait que ce que j’ai dû faire,
Et vous n’avez pas lieu de me les reprocher,
Lorsqu’à son mauvais sort je viens vous arracher.
Pour fuir avec honneur celui qui vous menace,
Prenez mon Trône offert, je vous y donne place.
Votre Trône ?
Oui, Madame, et si vous balancez,
J’oserai contre vous plus que vous ne pensez.
J’arrêterai le cours de cette humeur altière ?
Parles-tu de mourir ? La menace est légère.
Pour qui porte en son cœur le pur sang d’Annibal,
Ce qui finit les maux ne sauroit être un mal.
Si vous bravez la mort, le triomphe peut-être…
Il sera beau pour toi d’avoir séduit un Traître,
Et tes fourbes, dont l’art nous a mis sous tes lois,
Pour ennoblir ton nom sont de fameux exploits.