Sitôt que du Couvent elle voit que je ris,
Deux soufflets me sont sûrs, et ce seroit bien pis,
Si vous alliez pour moi parler de mariage.
Et bien, marions-nous en secret ; je m’engage,
Puisqu’elle vous maltraite, à vous mettre en état
De ne rien craindre d’elle.
Et par un bon Contrat.
Ce n’est point à demi que Monsieur fait les choses.
J’avois, pour fuir l’hymen, d’assez pressantes causes ;
Mais pour vous faire entrer au Couvent malgré vous,
Savoir qu’à la menace on ajoute les coups,
C’est un acte inhumain, dont je me sens coupable,
Si je ne vous épouse.
Il est fort charitable.
Voyez, se marier pour vous ôter l’ennui
D’être Religieuse ; attendez tout de lui.
Si j’osois m’assurer…
C’est une bagatelle,
Que ce qu’il vous promet. Sa bonté naturelle
Va si loin, qu’il est prêt, pour faire trêve aux coups
D’épouser, s’il le faut, votre Tante avec vous.
Ah, qu’il n’en fasse rien ; elle est si dégoûtante…
Mais moi, suis-je assez belle…
Ah Ciel ! Toute charmante.
Quelle douceur pour moi de vivre sous vos lois !
Non, ce qui fait l’hymen n’est point de notre choix ;
J’en suis trop convaincu ; je vous connois à peine,
Et tout à coup je cède à l’amour qui m’entraîne.
Je voudrois qu’il fût vrai, car ma tante, et la peur
Que me fait le couvent…