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Scène II


OEnarus, Thésée, Pirithoüs, Arcas.

OENARUS.

Enfin voici ce jour si longtemps attendu.
Pirithoüs dans Naxe à Thésée est rendu,
Et quand un heureux sort permet qu’il le revoie,
Il n’est pas malaisé de juger de sa joie.
Après un tel bonheur rien ne manque à sa foi.

PIRITHOÜS.

Cette joie est encor plus sensible pour moi,
Seigneur ; et de plus Thésée a pendant mon absence
D’un destin rigoureux souffert la violence,
Plus c’est pour ma tendresse un aimable transport
D’embrasser un Ami, dont j’ai pleuré la mort.
Qui l’eût cru, que du Sort le choix illégitime
L’ayant au Minotaure envoyé pour victime,
Il dût par un triomphe à jamais glorieux
Affranchir son Pays d’un tribut odieux ?
Sur le bruit qui rendoit ces nouvelles certaines,
L’espoir de son retour m’attira dans Athènes,
Et par un ordre exprès, ce fut là que je sus.
Qu’il attendoit ici son cher Pirithoüs.
Soudain je vole à Naxe, où de sa renommée
Mon âme à la revoir est d’autant plus charmée,
Que tout comblé qu’il est des faveurs d’un grand Roi,
Même zèle toujours l’intéresse pour moi.

OENARUS.

Que Thésée est heureux ! Tandis qu’il peut attendre
Tous les biens que promet l’amitié la plus tendre,
Du plus parfoit amour les favorables nœuds
N’ont rien qu’un bel Objet n’abandonne à ses voeux.