Page:T. Corneille - Poèmes dramatiques, tome 4, 1748.djvu/566

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THESEE.

Il ne faut pas juger sur ce qu’on voit paroître ;
Seigneur, on n’est heureux qu’autant qu’on le croit être.
Vous m’accablez de biens, et quand je vous dois tant,
Ne pouvant m’acquitter, je ne vis point content.

OENARUS.

Ce que j’ai fait pour vous vaut peu que l’on y pense ;
Mais si j’en attendois quelque reconnoissance,
Prince, me dussiez-vous et la vie et l’honneur,
Il seroit un moyen…

THESEE.

Quel ? Achevez, Seigneur.
J’offre tout, et déjà mon cœur cède à la joie,
De penser…

OENARUS.

Vous voulez en vain que je le croie.
Cessez d’avoir pour moi des soins trop empressés ;
Il vous en coûteroit plus que vous ne pensez.

THESEE.

Doutez-vous de mon zèle, et…

OENARUS.

Non, je me condamne.
Aimez Pirithoüs, possédez Ariane.
Un Ami si parfait… de si charmants appas…
J’en dis trop, c’est à vous à ne m’entendre pas,
Ma gloire le veut, Prince, et je vous le demande.