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Page:T. Corneille - Poèmes dramatiques, tome 4, 1748.djvu/567

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Scène III


Pirithoüs, Thésée.

PIRITHOÜS.

Je ne sais si le Roi ne veut pas qu’on l’entende ;
Mais au nom d’Ariane un peu trop de chaleur
Me fait craindre pour vous le trouble de son cœur.
Songez-y ; s’il falloit qu’épris d’amour pour elle…

THESEE.

Sa passion est forte, et ne m’est pas nouvelle.
Je la sus dès l’instant qu’il s’en laissa charmer ;
Mais ce n’est pas un mal qui me doive alarmer.

PIRITHOÜS.

Il est vrai qu’Ariane auroit lieu de se plaindre,
Si chéri sans réserve elle vous voyoit craindre.
Je viens de lui parler, et je ne vis jamais
Pour un illustre Amant de plus ardents souhaits.
C’est un amour pour vous si fort, si pur, si tendre,
Que quoi que pour vous plaire il fallût entreprendre,
Son cœur de cette gloire uniquement charmé…

THESEE.

Hélas ! Et que ne puis-je en être moins aimé !
Je ne me verrois pas dans l’état déplorable
Où me réduit sans cesse un amour qui m’accable,
Un amour qui ne montre à mes sens désolés…
Le puis-je dire ?

PIRITHOÜS.

Ô Dieux ! Est-ce vous qui parlez ?
Ariane en beauté partout si renommée,
Aimant avec excès, ne seroit point aimée ?
Vous seriez insensible à de si doux appas ?

THESEE.

Ils ont de quoi toucher, je ne l’ignore pas.