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Page:T. Corneille - Poèmes dramatiques, tome 4, 1748.djvu/571

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C’est un aveu honteux qu’un autre lui peut faire.
Cependant mon secours vous étant nécessaire,
Si sur l’hymen du Roi je puis être écouté,
J’appuierai le projet dont je vous vois flatté.
Phèdre vient, je vous laisse.

THESEE.

Ô trop charmante vue !


Scène IV


Thésée, Phèdre.

THESEE.

Et bien ? À quoi, Madame, êtes-vous résolue ?
Je n’ai plus de prétexte à cacher mon secret.
Ne verrez-vous jamais mon amour qu’à regret,
Et quand Pirithoüs que je feignois d’attendre,
Me contraint à l’éclat qu’il m’a fallu suspendre,
M’aimerez-vous si peu, que pour le retarder
Vous me disiez encor que c’est trop hasarder ?

PHÈDRE.

Vous pouvez là-dessus vous répondre vous-même.
Prince, je vous l’ai dit, il est vrai, je vous aime,
Et quand d’un cœur bien né la gloire est le secours,
L’avoir dit une fois, c’est le dire toujours.
Je n’examine point si je pouvois sans blâme
Au feu qui m’a surprise abandonner mon âme,
Peut-être à m’en défendre aurois-je trouvé jour,
Mais il entre souvent du destin dans l’amour,
Et dût-il m’en coûter un éternel martyre,
Le destin l’a voulu, c’est à moi d’y souscrire.
J’aime donc ; mais malgré l’appas flatteur et doux
Des tendres sentiments qui me parlent pour vous,
Je ne puis oublier qu’Ariane exilée
S’est pour vos intérêts elle-même immolée ;