Aller au contenu

Page:T. Corneille - Poèmes dramatiques, tome 5, 1748.djvu/103

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Que tout mon cœur charmé, dès ce premier moment,
Malgré moi, prend pour elle un tendre engagement.
Elle y répond d’un air attirant, mais modeste.
La nuit au lendemain fait remettre le reste ;
Tous les soirs je la vois, sans qu’il me soit permis
De la suivre, autrement nous sommes ennemis.
Ainsi je meurs d’amour, & j’ignore qui j’aime.

Carlin.

La verrez-vous ce soir ?

D. César.

La verrez-vous ce soir ?Oui, toujours au lieu même.

Carlin.

C’est assez, laissez-moi, Monsieur, la déterrer.

D. César.

Elle s’en fâcheroit.

Carlin.

Elle s’en fâcheroit.Quoi, toujours soupirer,
Sans connoître l’objet que votre amour oblige ?

D. César.

Je crains trop…

Carlin.

Je crains trop…Laissez-moi la déterrer, vous dis-je ;
Tout n’en ira que mieux. Revenons sur nos pas.
Votre Épouse Isabelle, & Dom Fernand Vargas,
À quand les voir ?

D. César.

À quand les voir ?À quand ? Plus pour moi d’Isabelle.

Carlin.

Et si votre inconnue étoit quelque donzelle…
Là, qui selon le cas fût d’accommodement ?

D. César.

Ah ! Parle avec respect d’un objet si charmant,
C’est une modestie à surprendre, un visage
Où l’honnêteté règne.

Carlin.

Où l’honnêteté règne.Ah ! D’accord. Elle est sage,
C’est la même pudeur ; mais, quel qu’en soit l’appas,
Nous sommes à Madrid, ne vous y fiez pas,