Page:T. Corneille - Poèmes dramatiques, tome 5, 1748.djvu/107

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Scène III.

D. CÉSAR, CARLIN.
Carlin.

Je m’en vais l’avertir.Monsieur, que vous en semble ?

D. César.

Il faut qu’elle ait connu quelqu’un qui me ressemble.
Celui qui m’a tantôt dans la rue arrêté,
M’en auroit dit autant, si je l’eusse écouté.

Carlin.

C’est de quoi vous cacher, si par quelque pratique
On poursuivoit ici la mort de Dom Fadrique.
Vous pourriez de Dom Lope alors prendre le nom,
N’être plus Dom César.

D. César.

N’être plus Dom César.Et nous en croiroit-on ?
Un mensonge aisément toujours se développe.
Par où justifier que je serois Dom Lope ?
D’où ? De quelle naissance ?

Carlin.

D’où ? De quelle naissance ?On pouvoit le savoir,
Béatrix eût parlé.

D. César.

Béatrix eût parlé.Que de joie à me voir !

Carlin.

Pour moi, j’ai cru d’abord, comme ici c’est la mode,
Que cette Béatrix étoit d’humeur commode,
Et que pour vous rentrer par un air ingénu,
Elle feignoit exprès de vous avoir connu.
C’est ainsi, m’a-t-on dit, lorsque les gens s’y fient,
Que celles du métier à Madrid négocient.
Elles sentent de loin un provincial. Mais
Je crois qu’on vous en veut encor sur nouveaux frais.

D. César.

Quel est ce bon vieillard ?