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Page:T. Corneille - Poèmes dramatiques, tome 5, 1748.djvu/110

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D. Fernand.

Moi, je ne serois pas son pere ?

Carlin.

Moi, je ne serois pas son pere ?À vous oüir,
La chose est sûre, il est votre fils, on le nomme…

D. Fernand.

Dom Lope.

Carlin.

D. Lope.Oui, justement. Monsieur est honnête homme,
Pourquoi de son accueil faire si peu de cas ?
S’il n’étoit votre pere, il ne le dirait pas.
[à D. Fernand.]
Je sais ce qui le tient, que rien ne vous tourmente.

D. Fernand.

Il m’a trompé peut-être, & sa femme est vivante.

Carlin.

Sa femme…

D. César.

Sa femme…Quelle femme ? As-tu perdu l’esprit ?

Carlin, à Dom Fernand

Ne vous étonnez point de tout ce qu’il vous dit.
Revenant de Goa, nous avons eu du pire.
La tempête a long-temps battu notre navire.
Mon maître a crû trois fois être englouti de l’eau ;
Et la peur a si bien desséché son cerveau,
Que tombant par la fiévre en certaine humeur noire,
Il en est demeuré tout perclus de mémoire.
Voyages, villes, gens, rien ne s’imprime…

D. Fernand.

Voyages, villes, gens, rien ne s’imprime…Hélas !

Carlin.

Le plus souvent moi-même il ne me connoît pas.
Parlez-lui de la mer, des choses qu’il a vûes,
S’il répond, vous diriez qu’il est tombé des nues,
Point de réminiscence.

D. Fernand.

Point de réminiscence.À quoi l’homme est sujet !
Mon fils consolez-vous.