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Page:T. Corneille - Poèmes dramatiques, tome 5, 1748.djvu/112

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Isabelle.

Que le destin m’est doux !Que le sort m’est cruel !

Carlin.

Vite, l’embrassement doit être mutuel,
Avancez. Voyez-vous comme nature opere.

D. César.

Quoi, vous étes ma sœur ?

Isabelle.

Quoi, vous êtes ma sœur ?Quoi, vous étes mon frere ?

D. Fernand.

La mémoire peut-être un jour lui reviendra.

Carlin.

Sans doute, avec le temps il se reconnoîtra.
Débarquant à Cadix, c’étoit bien autre chose.
Là, d’une potion il prit certaine dose,
Qui dégageant le nez… Je crois qu’il seroit bon
De lui faire souvent humecter le poumon,
Car on tient…

D. Fernand.

Car on tient…Nous ferons tout ce qu’il faudra faire.
[à D. César.]
Hé bien ?

D. Pascal.

Hé bien ?Je n’ose encor vous appeler mon pere,
Tant le trouble stupide où vous m’avez surpris
Me fait peu mériter le nom de votre fils.
J’eusse écouté le sang, & crû son témoignage,
Sans la noire vapeur d’un importun nuage,
Qui me cachant vos traits, m’a fait tenir suspect
Ce que pour vous d’abord j’ai senti de respect.
Cet oubli malgré moi de temps en temps m’arrive,
Je me fais des objets une image tardive,
Mais enfin cela passe, & mes égaremens
Me laissent à moi-même après quelques momens.

D. Fernand.

Comme cet accident provient de maladie,
Il sera bien fâcheux, si l’on n’y remédie.
Plus qu’en tout autre lieu sur mille maux divers,
Nous avons à Madrid des médecins experts,