Page:T. Corneille - Poèmes dramatiques, tome 5, 1748.djvu/115

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Tu ne haïssois pas qu’il t’en voulût conter ?

Béatrix.

Les jeunes gens toujours aiment à coqueter,
Il faut bien avec eux entendre raillerie.

Carlin.

Que diable feroit-on sans la friponnerie ?
Il en faut bien. Je sais que tu lui plaisois tant,
Que les soirs dans ta chambre… en tout honneur s’entend…

Béatrix.

Oh, quoi qu’il m’eût offert, comme j’aime la gloire,
À moins que de l’honneur…

Carlin.

À moins que de l’honneur…Vraiment, il le faut croire.
Pour avoir quelquefois la nuit des rendez-vous…

Béatrix.

Mais la petite sœur étoit avecque nous.

Carlin.

Je le sai.

Béatrix.

Je le sai.C’étoit plus qu’avoir la porte ouverte,
Dès l’âge de trois ans elle avoit l’œil alerte.

Carlin.

Voyez un peu.

Béatrix.

Voyez un peu.Jamais rien que de bienséant,
Pour des paroles, passe ; autre chose, néant.

Carlin.

Ce que c’est que d’avoir de la conduite !

Béatrix.

Ce que c’est que d’avoir de la conduite !Dame !
C’est le tout.

Carlin.

C’est le tout.Mais, dis-moi, mon maître avoit pris femme ;
C’est par là que tout jeune il s’étoit décrié.
Je n’ai jamais bien sû comme il s’étoit marié.