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Page:T. Corneille - Poèmes dramatiques, tome 5, 1748.djvu/126

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Le plus grand embarras où par là je puisse être,
Consiste à voir des gens que je devrois connoître.
C’est dont, sans grande peine, on ne vient pas à bout.

Carlin.

La mémoire malade est un reméde à tout.

D. César.

Ma fuite de Madrid jointe à mon mariage,
M’a fait jouer d’abord un mauvais personnage.
Sans toi j’étois perdu.

Carlin.

Sans toi j’étois perdu.Je viens par Béatrix
De me faire compter l’aventure du fils.
Ainsi je parle instruit ; mais Béatrix est bonne,
J’ai feint en vous pour elle une amitié friponne,
Qu’ensemble au temps jadis dans vos transports ardens,
Vous aviez rendez-vous. Elle a donné dedans,
Et ce qu’elle m’a dit, m’a fait voir qu’avec elle
L’Indien certains soirs allait en sentinelle.
Mais lorsque vous passez pour Dom Lope en ces lieux,
S’il alloit revenir ?

D. César.

S’il alloit revenir ?Il n’en seroit que mieux.
La ressemblance est telle entre nous, que peut-être
J’aurai peine au besoin à me faire connoître.
On peut de Dom César me disputer le nom,
Mais au moins as-tu sû celui du pere ?

Carlin.

Mais au moins as-tu sû celui du pere ?Non.

D. César.

De la fille ?

Carlin.

De la fille ?Aussi peu.

D. César.

De la fille ?Aussi peu.Ce point est nécessaire.
S’il falloit en parler par hasard, comment faire !
Puisque avec Béatrix…