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Page:T. Corneille - Poèmes dramatiques, tome 5, 1748.djvu/129

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D’avoir souffert mes soins ?

Isabelle.

D’avoir souffert mes soins ?Ne me demandez rien.

D. César.

Méritai-je si peu qu’on me veuille du bien ?
Soumis, passionné, suis-je indigne de plaire ?

Isabelle.

Qu’ai-je à vous dire, hélas ! quand vous êtes mon frere ?

D. César.

Hé, du moins dites-moi, si je ne l’étois pas,
Que de mes vœux offerts vous pourriez faire cas,
Que votre cœur sensible aimeroit à se rendre.

Isabelle.

Vous n’avez là-dessus besoin de rien entendre,
Et vouloir à l’hymen pour jamais renoncer,
C’est… J’en dis trop, pourquoi m’en osez-vous presser ?

D. César.

Que de gloire pour moi !

Isabelle.

Que de gloire pour moi !Je sais qu’avec mon pere,
En prenant ce dessein, je me fais une affaire.
Il veut sans résister que je donne ma main.

D. César.

Il vient de me l’apprendre.

Isabelle.

Il vient de me l’apprendre.Il le prétend en vain.
De mes sens abusés j’ai crû la flatterie ;
Plus d’hymen.

D. César.

Plus d’hymen.Quoi, ma sœur ? Et si je vous en prie ?
Voudrez-vous de ma main refuser un époux ?

Isabelle.

Je pourrois l’accepter, s’il étoit tel que vous.

D. César.

Fiez-vous-en à moi, dont la tendresse extrême
Me fait vous regarder comme un autre moi-même.