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ACTE IV.



Scène I.

D. FERNAND, ENRIQUE.
Enrique.

Voilà ce qu’on m’écrit.

D. Fernand.

Voilà ce qu’on m’écrit.Vous m’étonnez, Enrique ;
Et quel rang parmi vous tenoit ce Dom Fadrique ?
Ceux que le sang oblige à venger cette mort,
Sont-ce des gens à ne point vouloir parler d’accord ?
Mon gendre a-t-il affaire à puissante partie ?

Enrique.

Non pas, sans doute, assez pour lui coûter la vie ;
Outre que l’action, à la prendre en rigueur,
Telle qu’on me la mande, est d’un homme de cœur ;
Mais c’est toujours un mort, & tout mort embarrasse.

D. Fernand.

Il faut agir en cour, nous obtiendrons sa grace.

Enrique.

Si l’affaire est tombée en accommodement,
Nous en aurons bien-tôt plus d’éclaircissement.
Au moins, à voir le jour dont ma Lettre est dattée,
C’est de beaucoup trop tard qu’elle m’est apportée.
Comme avant cette mort Dom Alonse avoit dit
Que son fils se viendroit marier à Madrid,
Et qu’on nous voit toujours ennemis, on veut croire
Qu’agissant contre lui, je dois en faire gloire,
Et que s’il est chez vous, comme on n’en peut douter,
Je prêterai la main à le faire arrêter ;
Mais la division n’empêche point l’estime,
Et quand ma haine encor seroit plus légitime,