Page:T. Corneille - Poèmes dramatiques, tome 5, 1748.djvu/141

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Le nom de votre gendre, & ce que je vous doi,
Contre ses ennemis lui répondroient de moi.

D. Fernand.

Cette mort qu’il m’a tûe est sans doute l’affaire
Que me recommandoit la lettre de son pere.
Vous en donner l’avis, c’étoit bien s’adresser ;
Mais, Enrique, avec moi c’est peu de commencer ;
Vous protégez mon gendre, après ce bon office
Souffrez avecque lui que je vous réunisse,
Je ne saurois vous voir plus long-temps ennemis.

Enrique.

Ordonnez, je suis prêt, & tout vous est permis ;
Mais comme Dom César est plus fier qu’il me semble,
Ne vous commettez point à nous trouver ensemble,
Que vous n’ayez pris soin vous-même de savoir,
S’il pourra, sans aigreur, consentir à me voir ;
Me montrant tout-à-coup, j’ai peur qu’il ne s’emporte.
Cependant empêchez quelques jours qu’il ne sorte,
Il s’est trop fait connoître en arrivant chez vous,
La nouvelle en est sûe, il a force jaloux,
On l’épie, & pour lui la prison est à craindre.

D. Fernand.

Je doute qu’il soit homme à se vouloir contraindre.
Au reste, de Goa mon fils est de retour.

Enrique.

Dom Lope est à Madrid ?

D. Fernand.

D. Lope est à Madrid ?Oui, de ce même jour.
Absent depuis douze ans, le Ciel me le renvoie.

Enrique.

Croyez qu’avecque vous j’en partage la joie.
Quand Dom César & moi nous serons réunis,
Il faudra que je vienne embrasser ce cher fils.

D. Fernand.

Je vous le menerai, c’est à quoi je m’engage.

Enrique.

Et l’aimable Isabelle ? À quand le mariage ?