Chercher dans le péril tout ce qui peut flatter
L’ardeur de gloire insatiable,
Qui porte les Héros à s’y précipiter.
Mais c’est peu que forcer de superbes murailles.
Voyez-le dans le même temps,
Par l’effroi de son Nom, gagner plus de Batailles
Qu’on n’en donnoit autrefois en vingt ans.
Après cela que puis-je faire ?
Toutes ces grandes Vérités
Ne semblent-elles pas des Contes inventés,
Et lorsque je les dis, m’estime-t-on sincère ?
Vous en donnez si souvent à garder,
Qu’il est bon qu’une fois vous en soyez punie ;
Mais par LOUIS quand ma gloire est ternie,
Moi, l’Amour, n’ai-je pas tout sujet de gronder ?
Depuis le pouvoir qu’il me vole,
Dont il use comme du sien,
Je suis une vraie idole,
Qui ne semble bon à rien.
D’où ce chagrin vous peut-il naître,
Quand nous voyons que ce Grand Roi,
En gagnant tous les cœurs, chaque jour fait connoître…
Mais c’est par lui qu’il s’en rend maître,
Et ce n’est pas mon compte, à moi
Car enfin je voudrois qu’il me dût quelque chose ;
Mais j’ai beau parmi tous mes traits,
Pour faire que des Cœurs par mon ordre il dispose,
En aller choisir tout exprès.
D’eux-mêmes à l’envi, sans qu’on les sollicite,
Des Cœurs tout à coup enflammés,
Se rendent tous à son mérite,
Et sans que je m’en mêle, ils s’en trouvent charmés.