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Page:T. Corneille - Poèmes dramatiques, tome 5, 1748.djvu/199

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glaucus

C’est l’arrêt du Sort ; nous ne sommes
En matières de passions,
Que ce qu’ici-bas sont les Hommes ;
Et si des Transformations
Les miracles nous sont possibles
L’heur d’être plus ou moins sensibles
Ne suit pas nos intentions.
Par nous les volontés ne sont jamais forcées,
Et quand l’Amour nous a touchés,
Pénétrer dans les cœurs, lire dans les pensées,
Sont droits qui nous sont retranchés.
Il est bon après tout qu’une telle impuissance,
Laissant craindre et douter, irrite le désir.
L’incertitude anime l’espérance,
Et nous aimerions sans plaisir,
Si nous n’aimions qu’avec pleine assurance
De ne trouver aucune résistance
Dans l’Objet que l’Amour nous auroit fait choisir.

palémon

Comme je n’aime pas la peine,
J’y serois, je l’avoue, un peu moins délicat ;
Et quoique vaincre sans combat
Ne soit pas pour une âme vaine
Un triomphe de grand éclat,
J’aimerois à trouver la Victoire certaine.
Témoin les Belles que voici,
Dont chacune avec moi prend différente route.
Je vois la fière, sans souci,
Et je ne fais le radouci
Qu’auprès de celle qui m’écoute.