Scène II
Quoi, seules sans Silla ?
Derrière ce coteau
Elle a trouvé la Nymphe Galatée,
Avec qui par respect elle s’est arrêtée.
Sans cette occasion il m’eût paru nouveau
Que vous l’eussiez ainsi l’une et l’autre quittée.
Que m’en apprenez-vous, et que dois-je espérer
Du pur amour que je lui fais paroître ?
Sa fierté peut ne pas durer ;
Mais qui risque sur un peut-être,
A quelquefois longtemps à soupirer.
Seigneur, si vous m’en voulez croire,
Vous cesserez d’aimer qui ne vous aime pas.
Vous devez cet effort au soin de votre gloire,
Et c’est vous ravaler trop bas,
Que de céder une victoire
Dont vous voyez qu’on fait si peu de cas.
Contre l’Amour Mélisse est toujours animée,
Et dit plus qu’elle ne feroit.
Il est vrai que jamais je n’eus l’âme enflammée ;
Mais le dépit me guériroit,
Si j’aimois un moment sans que je fusse aimée.