Page:T. Corneille - Poèmes dramatiques, tome 5, 1748.djvu/202

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
célie

Voilà ce que c’est qu’une Femme.
Quand de l’amour le doucereux poison
S’est une fois emparé de son âme,
Il la brouille si bien avecque sa raison,
Que la plus noire trahison
Peut à peine éteindre sa flamme.
J’ai beau pour vous servir peindre votre rival
De toutes les couleurs qui repoussent l’estime.
De son éloignement j’ai beau lui faire un crime.
Silla soutient que je le connois mal,
Et croit brûler pour lui d’un feu si légitime,
Que dans l’ardeur de le revoir
Elle veut de Circé faire agir le pouvoir.

glaucus

De Circé ! Quoi, Célie….

célie

Oui, dès aujourd’hui même
Elle songe à se rendre au Palais de Circé.

glaucus

Je l’aperçois qui vient. Ciel, faut-il que je l’aime,
Si de son cœur par ma tendresse extrême
Mon indigne rival ne peut être chassé ?



Scène III


GLAUCUS, SILLA, PALÉMON, CÉLIE, MÉLISSE.


glaucus

Qu’avez-vous résolu, Madame ?
Dois-je toujours languir, et languir sans espoir ?

silla

Je vous l’ai déjà dit, j’estime votre flamme,
Prince, et vos vœux offerts auroient touché mon âme,