Voilà ce que c’est qu’une Femme.
Quand de l’amour le doucereux poison
S’est une fois emparé de son âme,
Il la brouille si bien avecque sa raison,
Que la plus noire trahison
Peut à peine éteindre sa flamme.
J’ai beau pour vous servir peindre votre rival
De toutes les couleurs qui repoussent l’estime.
De son éloignement j’ai beau lui faire un crime.
Silla soutient que je le connois mal,
Et croit brûler pour lui d’un feu si légitime,
Que dans l’ardeur de le revoir
Elle veut de Circé faire agir le pouvoir.
De Circé ! Quoi, Célie….
Oui, dès aujourd’hui même
Elle songe à se rendre au Palais de Circé.
Je l’aperçois qui vient. Ciel, faut-il que je l’aime,
Si de son cœur par ma tendresse extrême
Mon indigne rival ne peut être chassé ?
Scène III
Qu’avez-vous résolu, Madame ?
Dois-je toujours languir, et languir sans espoir ?
Je vous l’ai déjà dit, j’estime votre flamme,
Prince, et vos vœux offerts auroient touché mon âme,