Et le Prince de Thrace auroit seul l’avantage
De ne pas soupirer pour moi ?
Non, non, il me viendra soumettre son hommage ;
C’est une indispensable loi
Dont il n’est rien qui le dégage.
Mon Art de sa fierté sera victorieux.
Je viens de m’en servir pour être plus aimable,
Et c’est de là que vient cet éclat redoutable
Que tu vois briller dans mes yeux.
Non que le Prince à tel point m’ait charmée,
Que la douceur d’en être aimée
Ait de quoi plus longtemps mériter mes désirs.
Ses peines seulement à mon cœur seront chères,
Et je mettrai tous mes plaisirs
À lui voir perdre des soupirs
Que j’aurai rendus nécessaires.
Et dans cet imprévu revers
Que deviendra l’amoureux Mélicerte ?
Qu’il reprenne ses premiers fers,
Ils le pourront consoler de ma perte.
Pourquoi, quand par le temps l’amour est abattu,
Opposer la constance au dégoût qui l’accable,
Et ne pas s’affranchir, par un choix agréable,
De la ridicule vertu
D’aimer ce que le cœur ne trouve plus aimable ?
D’abord pour Mélicerte, il le faut confesser,
Tout mon plaisir étoit de le voir s’empresser
À me venir expliquer sa tendresse.
Ses soins ne pouvoient me lasser.
Je sens qu’enfin ce plaisir cesse ;
C’est assez pour permettre à l’amour de cesser.
Ainsi se piquer de constance,
N’est pas une vertu propre à nos jeunes ans ?
Sans te dire ce que je pense