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Page:T. Corneille - Poèmes dramatiques, tome 5, 1748.djvu/225

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De ces feux tendres et constants
Dont tu veux prendre la défense,
Je m’en tiens à l’expérience.
Tout plaisir ne l’est plus, s’il dure trop longtemps.
L’habitude d’aimer porte à l’indifférence ;
Et si jamais deux cœurs en amour sont contents,
C’est seulement lorsqu’il commence.

dorine

Si l’amour en naissant charme tous nos désirs,
Il est malaisé… Mais, Madame,
Mélicerte…

circé

Il lui va coûter quelques soupirs,
S’il vient me parler de sa flamme.



Scène IV


 
CIRCÉ, MÉLICERTE, DORINE.


mélicerte

Enfin vous voilà de retour,
Vous, ma Princesse, en qui je vis plus qu’en moi-même.
Je vous avois perdue. Hélas ! Qu’un demi-jour
À passer sans voir ce qu’on aime,
Est un dur supplice à l’amour !
Depuis que vous êtes rentrée,
En vain j’ai fait deux fois le tour de ce Palais.
Toujours votre retraite a trompé mes souhaits,
Vous ne vous êtes point montrée.
Consolez-m’en, de grâce, et puisque tous mes soins
Regardent celui de vous plaire…