J’avois cherché ce lieu pour rêver sans témoins,
Laissez-m’en la douceur, elle m’est nécessaire
Contre certain chagrin que j’attendois le moins.
De cet accueil que faut-il que j’augure ?
L’orage est prêt à s’élever ;
De la Foudre déjà j’entends le sourd murmure,
Madame…
Je ne sais ce qui peut arriver ;
Mais qui n’a jusqu’ici demandé qu’à rêver,
Ne vous a pas fait grande injure.
Me le demandez-vous, quand vos désirs contents
Renfermoient votre joie au plaisir de m’entendre
Plus je cherchois à vous faire comprendre
Jusqu’où…
Chaque chose a son temps ;
Puisque vous l’ignorez, je veux bien vous l’apprendre.
Ainsi je ne suis plus ce trop heureux Amant,
Dont l’amour sembloit seul être digne du vôtre.
Vous allez oublier son tendre emportement,
Et ce qu’il eut pour vous de flatteur, de charmant,
Vous le sentirez pour un autre.
L’amant qui veut empêcher
Un changement qui l’irrite,
S’y prend mal de reprocher
Que pour un autre on le quitte.
Sans se montrer alarmé
De la peur qu’on ne préfère
Un rival plus estimé ;
Qu’il trouve toujours à plaire,
Il sera toujours aimé.