Page:T. Corneille - Poèmes dramatiques, tome 5, 1748.djvu/227

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mélicerte

Je suis pour vous toujours le même,
Toujours la même ardeur vous répond de ma foi ;
Mais que peut penser cet amour extrême,
À moins que votre cœur ne soit toujours pour moi ?

circé

S’il est vrai que malgré l’outrage
Qu’en recevront vos feux jaloux,
L’intérêt de mon cœur à vous quitter m’engage,
S’agissant de me faire un sort heureux et doux,
À qui de mon cœur, ou de vous,
Dois-je déférer davantage ?

mélicerte

Ah, puisque vous étiez capable de changer,
Pourquoi m’avoir tiré de mes premières chaînes ?
Le poids m’en paraissoit bien léger ;
Et ravi que l’Amour m’en eût voulu charger,
J’ignorois qu’en aimant il pût être des peines.
M’enlevant en ces lieux, vous m’avez malgré moi
Fait à Silla manquer de foi…

circé

Vous lui pouviez être fidèle ;
Mais c’est un feu facile à rallumer

mélicerte

Que je cesse de vous aimer !
Ah ! Plutôt….

circé

Non, suivez l’amour qui vous appelle.
Silla vaut ce retour ; elle est jeune, elle est belle,
Sait mieux que moi l’art de charmer,
Et je ne suis plus rien auprès d’elle.

mélicerte

Faites donc que les Dieux affaiblissent ces traits
Qui nous offrent en vous leur plus brillante image.
Rien n’est capable ailleurs d’attirer mes souhaits ;
Et comme un nouveau charme à qui tout doit hommage
Semble aujourd’hui de vos attraits