La souplesse des sauts dont pour me divertir
Ensemble ils ont pris l’habitude,
Fait leur plus agréable étude.
Voilà comme l’amour ne se peut démentir.
La récompense est fort honnête.
Lorsque de quelque amant ton cœur se trouve épris,
On le métamorphose en bête.
Tu ne le voudrois pas acquérir à ce prix ?
Je me louerois du sortilège,
Pourvu qu’en Épagneul je pusse être changé.
Du moins par là j’aurois le privilège
De me voir jour et nuit entre tes bras logé.
Flatteur pour toi, pour toute autre farouche,
Sans cesse je tiendrois mes pattes sur ta peau,
Et j’aboierois d’un ton nouveau,
Lorsque tu frotterois ta bouche
Avecque mon petit museau.
Nous songerons à la métamorphose.
Cependant je veux bien te faire partager
Le plaisir qu’en sautant mon Singe Amant me cause.
Allons, mon Singe, il faut être léger,
S’il est vrai que de vous ma volonté dispose.
Rien ne peut être égal à son agilité ;
Mais lorsqu’il s’agit de te plaire,
Quoi qu’on veuille entreprendre, autant d’exécuté.
Si jamais de ton cœur je suis dépositaire…
Ah, Monsieur le Magot, vous êtes en colère.
Pour peu que l’on m’approche, il s’en montre irrité ;
Pour lui seul il veut de mes caresses.
Vois-tu comme il baise ma main ?
Mais il est temps que tu me laisses.
Circé vient, le reste à demain.