Scène III
Vous parliez du Prince de Thrace ?
Que vous en a-t-on dit ?
Que malgré les mépris
Qui chaque jour augmentent sa disgrâce.
C’est toujours de Silla que son cœur est épris.
Et Mélicerte, il vous a vue ?
Il m’a de ses ennuis longtemps entretenue ;
Mais en peut-on blâmer l’excès ?
Après mille serments d’une entière constance,
Voir son amour payé d’indifférence,
Est le déplorable succès
Qui suit sa crédule espérance.
Un Charme par un autre aisément est détruit ;
Et si je suis la cause de ses peines,
Au moins de mon amour il tirera ce fruit,
Que je saurai le rendre à ses premières chaînes.
Faites lui toucher cet Anneau,
Et soudain oubliant qu’il m’ait jamais aimée,
Il se sentira de nouveau
Des Beautés de Silla l’âme toute charmée.
Sa guérison dépend de vous.
Allez, sans perdre de temps, mettre fin à ses plaintes.