Page:T. Corneille - Poèmes dramatiques, tome 5, 1748.djvu/262

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Mais enfin que m’apprendrez-vous ?
Parlez, belle Astérie, et s’il vous est possible,
Soulagez un Amant jaloux.

astérie

La jalousie est un mal bien terrible ;
Mais n’importe, le Ciel vous voit d’un œil plus doux,
Et Circé n’est pas insensible.

mélicerte

Quoi, Circé me rendroit son cœur ?
D’un si prompt repentir Circé seroit capable,
Et cette farouche rigueur
Qui la rendoit inexorable,
Aurait fait place à la douceur ?
Je l’avois bien prévu, qu’en lui faisant comprendre
Le dur excès de mes ennuis,
Vous la forceriez à se rendre.

astérie

Toute badine que je suis,
J’ai le cœur tourné sur le tendre,
Et pour les malheureux je fais ce que je puis.
Voyez-vous cet Anneau que Circé vous envoie ?

mélicerte

Que ne dois-je point à vos soins ?
Donnez, de grâce, et de ma joie
Allons chercher mille témoins.

astérie

Voilà comme souvent l’Amour pour nous s’emploie,
Lorsque nous l’espérons le moins.

mélicerte, , ayant l’anneau.

Il est vrai. Qui l’eût cru, que pour finir ma peine,
L’Amour dût amener Silla dans ce Palais ?
Mais n’en crois-je point trop mes amoureux souhaits,
Et la nouvelle est-elle bien certaine ?
L’a-t-on vue arriver ? Est-elle avec Circé,
Et de sa part recherchez-vous Mélicerte ?

astérie

Le Portroit de Silla n’est donc pas effacé.