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ACTE II



Scène I


Achille, Alcime.

ALCIME

Ce triomphe à tout autre eut été difficile.
Le grand Achille seul pouvoit dompter Achille,
Et l’heureux art de vaincre un si juste courroux
Passe tous les exploits qui font parler de vous.
Flatter vos ennemis, leur céder votre tente,
Ordonner pour Hector une pompe éclatante,
Sont des effets, Seigneur, si grands, si relevés,
Qu’à votre seul courage ils étoient réservés.
Chacun en a pour vous redoublé son estime.

ACHILLE

C’est trop peu pour ma gloire, il faut plus faire, Alcime.
Privés du grand Hector les Troyens sont défaits.
Prêt à vaincre, je veux leur demander la paix,
Et pour leur épargner la honte de se rendre,
Moi-même leur offrir ce qu’ils n’osent prétendre.

ALCIME

Ah, Seigneur, c’est ici, deux fois victorieux,
Qu’Achille tout entier se découvre à mes yeux.
Suivez la voix du ciel qui veut conserver Troie,
Nos Grecs las de combattre en auront de la joie,
Déjà depuis longtemps ils pressent leur retour.

ACHILLE

Ils peuvent l’espérer sur la foi de l’amour,
Pour réparer les maux qu’il causa par Hélène,
Alcime, il m’a fait voir la jeune Polixène,
Et c’est en l’épousant que je veux assurer
Les liens d’une paix qui doit toujours durer.