C’en est fait, les Amours l’enlèvent à mes yeux.
Tu l’emportes, Vénus, et je me vois réduite
Au plus mortel ennui qui pouvoit m’accabler ;
Mais le lâche pour qui l’Amour m’a trop séduite,
Verra peut-être par la suite
Que qui m’outrage, a sujet de trembler.
Plus pour lui de tendresse ; il faut que de ma gloire
L’horreur de son destin réponde à ma fierté.
Armez-vous pour sa perte, il l’a trop mérité ;
Mais, Madame, j’ai peine à croire ;
Après l’heureux succès de sa témérité,
Que sur lui votre haine emporte la victoire.
Je serois forcée à céder,
Moi qui puis, arrêtant les Fleuves dans leur course,
Les faire d’un seul mot remonter vers leur source ?
J’aimois, et cet amour a pu m’intimider ;
Mais puisque de mon Art la honteuse impuissance
M’oblige à recourir aux dernières horreurs,
Ma gloire veut une pleine vengeance.
Je m’abandonne à mes justes fureurs.
Sus, Divinités implacables,
Qu’autrefois l’Achéron engendra de la Nuit,
Terreur, désespoir, rage, et tout ce qui vous suit,
Quand pour des projets effroyables
À quitter les Enfers mon ordre vous réduit,
Hâtez-vous de sortir de vos Demeures sombres.
C’est Circé qui le veut.
Madame.