Page:T. Corneille - Poèmes dramatiques, tome 5, 1748.djvu/297

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée


palémon

Désespérée
De l’affreux changement qui causoit ses soupirs,
Sans me vouloir entendre, elle s’est retirée
Où la Mer qu’elle voit offre à ses déplaisirs
L’heureux secours d’une mort assurée.
Là, d’un fixe regard envisageant les flots,
Après quelques moments d’un calme qui m’abuse,
"Fais-moi, dit-elle, ô Mer, rencontrer le repos
Que depuis si longtemps la Terre me refuse
À ces mots tout à coup je la vois s’élancer.
L’onde s’entrouvre, et frémit de sa chute,
Et finissant les maux où sa vie est en butte,
Cache l’horreur du sort qui l’y fait renoncer.

glaucus

Et bien, êtes-vous satisfaite ?
Votre vengeance a-t-elle un succès assez doux ?

circé

Non, sa trop prompte mort l’a rendue imparfaite.
Je la voulois vivante, et que souffrant par vous,
Elle en fît mieux sentir à votre âme inquiète
L’ennui d’avoir sur elle attiré mon courroux.
Votre peine finit quand la mienne redouble.
Silla ne vivant plus, dégage votre foi.
D’un calme heureux faites-vous une loi,
Et tâchez, pour n’avoir jamais rien qui le trouble,
À ne vous souvenir ni d’elle, ni de moi.
Circé disparaît ainsi que son Palais.

  
Le Théâtre change, et Glaucus se trouve sur le bord de la mer.